Cet article a initialement été publié dans le blogue Latest Insights du Groupe Adecco. Il a été rédigé par Bettina Schaller, chef des affaires publiques du Groupe Adecco, et Murielle Antille, chef des affaires gouvernementales et sectorielles chez Lee Hecht Harrison.
Le constat est indéniable : l’évolution des technologies et de l’économie, accélérée par les transitions écologique et numérique, menace tout travailleur d’obsolescence. Selon les dernières études, le tiers des compétences sont désuètes après quatre ans.
C’est pourquoi le Groupe Adecco insiste sur l’urgence d’investir dans le perfectionnement et le renouvellement des compétences, et sur l’importance des services d’orientation professionnelle dans le recyclage et la transition des travailleurs.
Pourtant, l’offre de services d’orientation est relativement méconnue. Un rapport publié par l’OCDE en janvier 2021 intitulé Career Guidance for Adults in a Changing World of Work y jette un peu de lumière.
Saviez-vous que...?
Malgré le rôle central de l’orientation professionnelle dans la création d’une main-d’œuvre plus résiliente, numérique et durable, le rapport de l’OCDE indique que le service souffre encore d’un manque de visibilité et de crédibilité.
57 % des personnes interviewées affirment qu’elles ne ressentent pas le besoin de recourir à des services d’orientation professionnelle, et 20 % avouent qu’elles en ignoraient l’existence. Chez les adultes qui en reçoivent, environ la même proportion fait appel aux services d’emploi publics (24 %) et à des fournisseurs privés (22 %). D’autres se tournent vers des établissements d’enseignement et de formation (12 %), des agences publiques spécialisées (13 %) ou des syndicats ou associations (6 %).
Tous les fournisseurs ne donnent pas les mêmes résultats. Leur efficacité dépendrait principalement de deux facteurs :
- La connaissance du marché du travail. Le conseiller en orientation doit posséder une connaissance objective, approfondie et à jour du marché du travail et de ses tendances.
- La personnalisation des services et leur adaptation aux besoins d’un adulte. Le conseiller doit être formé pour évaluer l’ensemble particulier de compétences que possède son client et lui proposer un plan de carrière personnalisé.
Selon le rapport, les services de fournisseurs privés sont les plus efficaces. D’une part, en raison de leur accès privilégié à de l’information sur le marché du travail et, d’autre part, de leur capacité de personnaliser leurs services pour une clientèle adulte. Le rapport souligne toutefois qu’à moins d’être subventionnés, les services au privé peuvent être hors de la portée de certains groupes.
Selon une étude de Gartner, à peine 20 % des employés possèdent les compétences nécessaires pour le poste qu’ils occupent et leur avenir professionnel. Par ailleurs, un récent sondage de McKinsey révèle que 87 % des dirigeants sont aux prises avec une pénurie de compétences ou s’attendent à l’être dans les prochaines années. On en conclut que les travailleurs auraient intérêt à se faire accompagner dès que possible dans leurs démarches de perfectionnement. Ainsi, ils pourraient faire le bilan de leurs compétences, déterminer celles qui seront bientôt désuètes et se former en conséquence. C’est d’ailleurs ce que confirme une étude réalisée par LHH en 2020, selon laquelle 80 % des chercheurs d’emploi lorgnent un emploi similaire à leur dernier poste, ce qui porte à croire que le meilleur moment de se perfectionner est avant de perdre son emploi. Les résultats du programme Singapore Skills for Futureabondent dans le même sens : les travailleurs sont plus enclins à s’investir dans leur formation si celle-ci se traduit par des avantages immédiats dans leur travail (WEF 2021).
S’il ne tient pas compte à la fois des ambitions de la personne et de la demande sur le marché, tout effort investi dans le perfectionnement est gaspillé. C’est ici que les services d’orientation, qui font le lien entre les aspirations du travailleur et les besoins du marché, prennent tout leur sens. D’où l’importance de faire connaître ces services et d’en améliorer l’accessibilité et l’efficacité.
Pour mieux faire connaître les services d’orientation, des campagnes d’information et des incitatifs devraient être mis en place. Et on devrait les subventionner, comme l’ont récemment fait la région de Flandres en Belgique et la Suisse pour les personnes de plus de 40 ans, reconnaissant que les travailleurs en milieu de carrière sont les plus à risque de perdre leur employabilité.
S’associer pour les bonnes raisons
Les services d’emploi publics et les fournisseurs privés de services d’orientation professionnelle devraient collaborer plus étroitement pour plusieurs raisons :
- Favoriser le partage de connaissances sur les tendances et les besoins du marché du travail.
- Améliorer la qualité et l’accessibilité des services.
- Permettre aux travailleurs d’avoir accès à de l’aide avant de perdre leur emploi.
- Informer les travailleurs sur l’ensemble des possibilités de perfectionnement : formations de courte durée, microformations, apprentissages en milieu de travail, diplômes traditionnels, etc.
Pour se prémunir contre l’obsolescence face à l’évolution rapide du marché du travail et de l’économie, les travailleurs doivent plus que jamais être accompagnés dans leurs démarches de perfectionnement. Dans sa mission de construire l’emploi de demain, le Groupe Adecco s’engage à faire le pont entre les travailleurs d’aujourd’hui et l’avenir du travail.