Choisir d'affronter la peur
Depuis 2015, Christine Marinho, vice-présidente du marketing chez Adecco Canada, admire les ambassadeurs Win4Youth depuis les coulisses.
L’initiative Win4Youth est probablement le programme de santé et de bien-être le plus apprécié du Groupe Adecco. Dans toute l’entreprise, tous les employés internes et temporaires ainsi que les clients peuvent consigner leurs heures d’activité.
Les porte-étendard de la cause dans le monde entier sont les ambassadeurs Win4Youth. Chaque année, le Groupe Adecco les trie sur le volet. Les heureux élus représentent leur pays et leur entreprise lors du triathlon olympique OceanLava, point culminant du programme Win4Youth.
« J’ai toujours, toujours voulu le faire, explique Christine, mais j’avais cette peur au ventre, et chaque année je refusais d’y participer. »
« Finalement, en 2020, j’en suis venue à me dire : ça suffit. Je vais essayer. Je vais essayer de surmonter ma peur. »
Sa peur était viscérale.
À 16 ans, lors de vacances en famille en Floride, Christine nageait dans l’océan quand l’ouragan de catégorie 5 Andrew a touché terre plus au sud de l’État.
« Nous l’ignorions. L’eau s’est mise à clapoter tout d’un coup et le contre-courant m’entraînait vers le fond. J’allais me noyer quand quelqu’un m’a tirée vers la surface. Depuis, je n’ai plus jamais voulu nager en eau libre. Même dans une piscine, je devais pouvoir toucher le fond. »
Un triathlon comprend trois épreuves : la nage, le vélo et la course à pied. Le triathlon olympique OceanLava consiste en une épuisante nage de 1,5 km en eau libre suivie par 42 km de vélo et 10 km de course. C’est tout un défi en soi, mais encore plus pour quelqu’un qui a peur de l’eau...
Trouver de l'inspiration dans une pandémie
« J’ai commencé à suivre des cours de natation, même avant d’avoir été acceptée dans le programme. J’étais vraiment déterminée à exorciser cette peur. »
Christine ne s’est pas arrêtée là dans les semaines précédant la grande annonce. Sa volonté à faire rayonner la cause Win4Youth ne faisait aucun doute pour son entourage. Elle a organisé une vente aux enchères caritative, a collecté activement des fonds et a organisé une séance de yoga de groupe au profit de la recherche sur le cancer du sein et de Plan International.
Très active sur les réseaux sociaux, Christine a également mobilisé ses abonnés avec sa campagne « You Inspire Me » (vous m’inspirez); tous les mercredis, elle publiait sur Instagram une photo d’une personne de son entourage qui l’inspirait – un collègue, un ami, une connaissance – et la remerciait pour son empreinte positive sur elle.
« Je voulais inspirer les gens grâce à Win4Youth, mais leur montrer qu’ils m’inspiraient, eux aussi. C’est de là que m’est venue l’idée. »
En mars 2020, elle a appris la bonne nouvelle : elle serait l’une des deux ambassadeurs Win4Youth du Canada.
Puis la COVID-19 a frappé.
« Dès que je l’ai su, la pandémie a été déclarée. On vivait dans l’incertitude, mais je continuais à m’entraîner au cas où le triathlon aurait réellement lieu. »
Le Bootcamp, un événement habituellement à grand déploiement en Belgique, a eu lieu virtuellement. Les programmes d’entraînement étaient coordonnés avec des tests de dépistage simples à domicile au lieu d’équipements de pointe. À la mi-été, l’événement était officiellement reporté en 2021.
« Pour être honnête, l’entraînement pendant la pandémie a été salutaire pour moi. Ça m’a aidée à rester positive dans les moments les plus difficiles. C’était essentiel à ma santé mentale. »
« La beauté du programme, c’est qu’on n’a pas besoin d’être un athlète pour y participer. N’importe qui peut le faire et améliorer son bien-être du même coup, suffit de suivre le programme. »
Ce qui aurait dû être un entraînement de six mois s’est transformé en un de 18 mois. Quand Christine est finalement arrivée à Lanzarote, en Espagne, elle ne pouvait pas croire que l’événement avait enfin lieu.
Sa joie d’avoir « réussi » s’est rapidement dissipée, car sa peur n’allait pas tarder à la tétaniser.
Arriver à Lanzarote
Le premier jour sur place, les athlètes ont nagé dans l’océan pour s’acclimater à l’eau.
« Je n’étais jamais retournée dans l’océan depuis mon adolescence, donc en soi, c’était bouleversant. »
Les autres ambassadeurs excellaient dans l’eau. Ils nageaient avec confiance et aisance.
« J’ai vu à quel point tout le monde semblait confiant, et ça m’a frappée. Cette insécurité, combinée avec mon anxiété, m’a fait paniquer, explique Christine. Ce qui est important quand on nage, c’est de contrôler sa respiration. Quand on ne la contrôle pas, c’est là que les choses tournent mal. »
Et les choses ont mal tourné. Christine a fait une crise de panique dans l’eau et l’une des entraîneurs du Groupe Adecco est venue à sa rescousse.
« Quand l’entraîneuse m’a dit que ma technique était impeccable, ça a été comme une révélation pour moi. Elle ne comprenait pas ce qui se passait au début, parce que d’un point de vue technique, tout allait. Elle m’a fait prendre conscience que j’en étais capable. Il ne me manquait que la confiance en moi. »
Mettant l’incident sur le compte d’une mauvaise journée, Christine a changé de perspective. Elle relèverait son défi une journée à la fois. Déterminée, elle est retournée à l’eau le lendemain et a nagé sur 50 m. Sans paniquer.
« J’ai compris que je ne pouvais me comparer à personne. Ça n’avait pas d’importance si d’autres étaient plus forts que moi; mon but n’était pas d’arriver la première. J’étais là pour atteindre mon objectif : vaincre ma peur. »
Mais il se trouve que sa peur n’était pas prête à se laisser terrasser si facilement.
Vaincre le jour de la course
Le jour de la course est arrivé, et tous les ambassadeurs se sont levés aux petites heures. Quelques-uns, dont Christine, se sont rendus à la plage une heure avant le départ officiel à 8 h pour s’adapter à la température de l’eau.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les conditions étaient défavorables.
« L’eau avait l’air enragée! dit Christine en gloussant. C’était très venteux, et les vagues nous passaient par-dessus la tête. »
Elle y est allée malgré tout aux côtés d’une autre nageuse. C’était une bonne idée, parce que les deux femmes ont dû se tenir la main pour affronter les puissantes vagues.
« Le courant m’a entraînée non pas une fois, mais deux. »
Ça aurait pu être ironique si ça n’avait pas été aussi effrayant... Christine a replongé instantanément dans son traumatisme de jeunesse. Dans l’océan, elle était sur le point de se noyer. Encore. Ce n’est pas de cette façon que son entraînement de nage prétriathlon devait se passer.
Les deux ambassadrices ont regagné la rive sans problème, mais Christine était secouée.
« Ça m’a ramené à mon adolescence, mais je ne voulais pas que ce soit le dernier souvenir que j’aurais de mon expérience Win4Youth. J’avais travaillé si fort pour me rendre jusque là. »
« Je me suis dit : ce n’est pas comme ça que mon histoire va se terminer aujourd’hui. »
Et elle a pris place parmi les 41 autres ambassadeurs à la ligne de départ. Elle s’est retrouvée une fois de plus confrontée à sa peur, mais cette fois ce n’était pas un échauffement.
« Une fois entrée dans l’eau, je devais simplement me concentrer. Il y avait six bouées, et je me suis concentrée sur une bouée à la fois. Après en avoir atteint une, je dirigeais toute ma concentration sur la prochaine, et ainsi de suite jusqu’à la dernière. Un objectif à la fois, jusqu’à la fin. Comme en affaires. »
Christine est sortie de l’eau. Christine est sortie de l’eau. Un peu désorientée (nombre de triathloniens ont eu le mal de mer après être sortis de l’eau cette journée-là), mais tellement soulagée, Christine a fait face à un autre type de tempête : une tempête d’applaudissements.
Ses yeux brillent alors qu’elle se remémore ce moment.
« Quelqu’un m’a dit de ne pas oublier de sentir le sable sous mes pieds quand je sortirai de l’eau, de profiter de la vue quand je serai à vélo et d’écouter les encouragements de la foule quand je courrai. » Et je peux vous dire qu’à ce moment-là, j’ai réellement apprécié le sable sous mes pieds. »
Franchir la ligne d'arrivée
Elle a retiré sa combinaison isothermique. Après tout, elle avait encore 42 km de vélo et 10 km de course à faire. Elle avait bravé sa peur mais n’avait pas encore franchi la ligne d’arrivée.
« Je me suis dit : oh mon Dieu, j’ai réussi. Je sais que je peux faire le reste. Et j’ai continué. »
Elle a enfourché son vélo et a laissé l’entraînement faire son œuvre.
« On avait quatre tours à faire, donc j’ai pu croiser d’autres ambassadeurs, et ça m’a réellement encouragée. »
Christine a rattrapé à vélo une bonne partie du temps qu’elle avait perdu dans l’eau. Quarante-deux kilomètres plus tard, elle passait à la dernière étape du triathlon, la course de 10 km.
« J’avais les jambes en compote. Je me suis alors rappelé le vieil adage : lentement, mais sûrement. J’ai ralenti mon rythme. Je ne me suis pas pressée. Je n’ai pas marché. J’ai maintenu un rythme constant jusqu’à la fin. »
Fatiguée mais fière comme un paon, Christine a franchi la ligne d’arrivée. L’équipe du Groupe Adecco et l'Ex-PDG Alain Dehaze (ainsi que d’innombrables collègues l’encourageant virtuellement depuis chez eux) l’attendaient avec impatience.
« Depuis le premier jour, je me visualisais en train de franchir le fil d’arrivée avec le drapeau du Canada à la main. Je ne peux pas vraiment expliquer ce que ça m’a fait comme effet de tenir le drapeau bien haut. C’était un moment marquant. »
Visionnez ce moment ci-dessous!
Quand on lui a demandé ce qu’elle voulait dire par « marquant », Christine s’est expliquée :
« Comme dans les affaires, tout demande du travail et du dévouement, mais si vous suivez le plan, le succès que vous en retirerez en vaut vraiment la peine. Tout le monde a des peurs, mais si on craint d’essayer de nouvelles choses, on ne saura jamais l’étendue de nos capacités. »
« L’expérience Win4Youth a été marquante pour moi parce que j’ai appris que tout est possible quand on croit en soi... et qu’on y va une bouée à la fois. »
Christine Marinho est la vice-présidente du marketing chez Adecco Canada. De janvier 2021 à novembre 2021, elle a consigné 440 heures d’activité, toutes au profit de notre partenaire caritatif.