La pandémie de COVID-19 a frappé de nombreuses industries, dont le secteur manufacturier. Largement dépendants de leur main-d’œuvre, les fabricants ont dû s’adapter rapidement aux exigences de santé et sécurité tout en composant avec la profonde rupture des chaînes d’approvisionnement et l’évolution de la demande dans le monde.
À l’heure où le Canada rouvre prudemment son économie, vous vous demandez peut-être à quoi ressemblera le monde post-pandémie pour le secteur manufacturier. Jetons un coup d’œil à quatre tendances émergentes.
Évolution de la demande
Manufacturiers et Exportateurs du Canada a mené une enquête auprès de plus de 300 fabricants canadiens pour mesurer les répercussions de la pandémie sur leurs activités. Cette enquête révèle que 65 % des répondants ont vu leur niveau d’activité diminuer pendant la pandémie, la baisse de la demande intérieure et extérieure étant la principale raison de leur incapacité à accroître leur production.
Les pertes d’emplois et la chute de la confiance des ménages ont provoqué une contraction de la demande globale de produits et la profonde transformation des dépenses de consommation influe sur les prévisions de la demande. Qui plus est, les fabricants canadiens subissent les contrecoups de la rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales. Les fermetures d’usines, les pénuries de main-d’œuvre et les restrictions à l’exportation agissent sur la disponibilité des intrants et l’évolution de la demande. En somme, la fabrication de biens au Canada pendant la pandémie est devenue une entreprise beaucoup plus imprévisible.
Dans une perspective de reprise à court terme, le déconfinement au Canada a permis à de nombreux fabricants de rouvrir leurs portes ou d’augmenter leur capacité tout en stimulant la demande des consommateurs. Selon la Banque TD, les ventes manufacturières en mai semblaient amorcer un tournant, des hausses ayant été observées dans plusieurs grands secteurs et huit provinces. Toutefois, les prévisions de reprise à long terme sont plus prudentes. Un récent rapport de BMO sur la reprise post-pandémie indique que la proportion du PIB du Canada attribuée au secteur manufacturier pourrait très bien suivre la tendance négative des 20 dernières années.
Protectionnisme
Le secteur manufacturier canadien dépend fortement de la performance du marché mondial, ce qui vient modérer les prévisions sur la reprise post-pandémie. Il faut dire que plus de la moitié des produits fabriqués au Canada sont exportés et que 80 % des exportations sont destinées aux États-Unis. En contexte de ralentissement économique mondial, le déclin de la demande extérieure pour les produits canadiens – principalement les exportations automobiles et énergétiques – a de lourdes répercussions sur l’économie du pays.
Même son de cloche du côté de la disponibilité des importations. À toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement, les fermetures liées à la pandémie ont accentué le déclin mondial du commerce. La difficulté de mettre la main sur l’EPI au début de la crise est un exemple frappant de cette débâcle, qui a poussé certains pays à se tourner vers le protectionnisme.
Le Japon, par exemple, a prévu une enveloppe de plus de 3 milliards de dollars canadiens pour encourager ses usines à quitter la Chine en pleine période de bouleversement des chaînes logistiques.
Les mesures protectionnistes canadiennes peuvent représenter un débouché pour les fabricants d’ici. En matière d’investissement en innovation, le Canada accuse un retard sur les autres pays de l’OCDE selon Alan Winter, ancien commissaire à l’innovation de la Colombie-Britannique. Résultat : notre économie est trop axée sur l’exportation de matières premières et nous pourrions améliorer grandement nos capacités de production afin de réduire notre dépendance envers les biens fabriqués à l’étranger.
Prévisions d’embauche
Il y a lieu d’afficher un optimisme prudent face aux données d’embauche. Selon Statistique Canada, les hausses enregistrées en mai et en juin ont ramené l’emploi à 91,9 % de son niveau de février dans le secteur manufacturier.
De plus, une enquête interne menée par Adecco indique que la majorité des répondants des secteurs de la fabrication, de l’entreposage et de la distribution s’attendent à un retour à la normale des embauches dans les trois prochains mois.
Ce sont des signes encourageants en contexte de lente réouverture.
Que pouvez-vous faire?
La pandémie aura au moins permis de se pencher sur les moyens que peuvent prendre les fabricants pour améliorer leurs procédés et se prémunir contre les chocs comme celui que nous venons de subir. Après avoir rapatrié votre personnel en toute sécurité, songez à prendre les mesures suivantes.
Améliorer vos capacités prévisionnelles
Vous devez d’abord renforcer la résilience de votre chaîne d’approvisionnement, en améliorant vos capacités prévisionnelles.
Les systèmes de schématisation de chaîne d’approvisionnement peuvent vous aider à prendre des décisions éclairées et concertées, en vous donnant un aperçu de l’ensemble de la chaîne logistique. En sachant où les problèmes d’engorgement risquent de survenir, vous pourrez apporter les ajustements nécessaires en amont, ce qui atténuera les effets dévastateurs que peut avoir une telle crise sur la production. Vous décuplerez la puissance de ces systèmes en diversifiant aussi vos sources d’approvisionnement.
Accroître votre flexibilité
La diversification de votre réseau de fournisseurs peut également vous aider à gérer vos niveaux de stocks. L’impact des pénuries mondiales sur la production a montré que la constitution de stocks peut contribuer à atténuer les risques de rupture de la chaîne d’approvisionnement.
Réorganiser la production
En augmentant la capacité de vos usines, vous pourriez vous doter de la flexibilité nécessaire pour réorganiser votre production. Face au ralentissement de la demande de biens de consommation, certains fabricants ont réorienté leur production vers les biens essentiels pour contribuer à la lutte contre le COVID-19. Combinées à une aide gouvernementale importante, des options de production flexibles peuvent aider à maintenir votre production tout en contribuant à l’autosuffisance du Canada.
Former les travailleurs
La crise de la COVID-19 vous a donné le temps d’évaluer vos points à améliorer. Le renforcement de la résilience émotionnelle des travailleurs constitue un moyen de créer une main-d’œuvre forte qui s’adapte plus rapidement aux changements. Le perfectionnement de leurs compétences en est un autre. En plus de renforcer votre capacité à réorganiser la production, vous pourrez ainsi compter sur des travailleurs qualifiés capables de s’adapter rapidement aux innovations technologiques.