Au terme de mon mandat de PDG pour un mois d’Adecco Canada, il ne faisait plus de doute dans mon esprit que je venais de vivre une expérience professionnelle déterminante.
Avoir l’occasion d’observer depuis les coulisses des dirigeants chevronnés est un rare privilège. Que vous soyez un candidat récemment diplômé ou un jeune professionnel à la recherche d’occasions de formation continue, les leçons tirées du programme PDG pour un mois sont inestimables.
Ayant créé ma propre firme il y a un an, je me suis lancée dans le programme avec un objectif clair : apprendre à diriger une grande entreprise. Discussions avec mon mentor, visites de succursales, analyses financières, déluge d’information sur un secteur totalement nouveau pour moi : ce mois chez Adecco m’a permis de faire le plein d’idées, de stratégies de gestion et d’adages en leadership pour la suite de mon parcours.
Voici quatre principes qui m’ont particulièrement marquée alors que j’accompagnais Gilbert Boileau, président d’Adecco Canada.
1 – La force de la gentillesse
Le concept de saine culture d’entreprise est très répandu aujourd’hui dans le monde de la gestion. Mais derrière le voile de la rhétorique, on oublie souvent de préciser qu’une telle culture passe d’abord par des dirigeants empathiques.
En fait, tout commence par la gentillesse. C’est d’autant plus vrai dans l’industrie du recrutement, où il y a une responsabilité constante et multiple de conclure des ventes, de livrer des commandes et de gérer du personnel. En tant que milléniale, j’ai trouvé rafraîchissant de voir des dirigeants fonder sur la gentillesse leur style de gestion, mais aussi leurs rapports avec les clients. C’est particulièrement important quand on sait que ma génération tend à privilégier plus que tout le fait de travailler avec des gestionnaires émotionnellement intelligents et qui savent faire preuve de diplomatie.
2 – Des processus à visage humain
Seconder un dirigeant formé en génie m’a confirmé l’importance du processus. Si les méthodes Lean et Six Sigma servent depuis longtemps à créer de la valeur dans un contexte de gestion centrée sur le processus, qu’en est-il des secteurs, comme le recrutement, où ce sont les gens qui sont au cœur des activités?
En fait, qu’il soit question de clients, de candidats ou d’employés, le facteur humain influence chaque étape du processus d’affaires, ce qui crée des surprises. Pour réussir le virage vers un modèle plus axé sur les ventes, il est donc indispensable de compter sur des dirigeants capables d’établir des processus solides et simplifiés qui atténuent les risques et autonomisent la main-d’œuvre, particulièrement en période de changement.
3 – Le pouvoir de la pause
Tout le monde connaît le proverbe : « Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. »
J’avoue pourtant que, la pause est un outil dont la maîtrise m’échappe encore. Bien que j’en sois venue à comprendre ses mérites lors de prises de parole publiques ou de présentations officielles, elle me paraît moins naturelle dans la vie de tous les jours. En tant que jeune professionnelle qui sent la pression de faire ses preuves, ponctuer mon discours de pauses me semble plutôt contre-intuitif. J’ai donc trouvé très inspirant de voir un dirigeant saisir le pouvoir d’une chose aussi simple.
4- La pensée à deux vitesses
Les concepts de l’ouvrage Système 1, système 2 : les deux vitesses de la pensée de Daniel Kahneman, lauréat d’un prix Nobel, se sont retrouvés au centre de plusieurs leçons apprises durant mon stage. Ce livre examine la dichotomie entre deux systèmes de pensée : le cerveau « rapide », qui renvoie à une approche automatique et inconsciente, et le cerveau « lent », qui se rapporte à un processus de réflexion plus calculé et conscient.
Pour les dirigeants, les deux sont essentiels. Ce n’est pas que la facilité avec laquelle on passe de l’un à l’autre, mais aussi la capacité d’apprécier la valeur de chacun dans des situations distinctes qui font la marque d’un vrai leader. Toutefois, en tant que milléniale, je me suis demandé comment je pouvais utiliser ces deux systèmes de pensée si je n’avais appris qu’à penser vite?
Comme membre d’une génération devenue adulte à une époque de croissance technologique et médiatique sans précédent qui a fait de l’instantanéité la quintessence de la productivité, je suis contente d’avoir été témoin d’un leadership valorisant autant la vitesse que la rigueur. C’était rafraîchissant de découvrir une approche plus globale de la gestion, qui plus est dans une industrie reconnue pour son rythme effréné.
Voilà! Après avoir fait le plein d’expériences et de concepts, c’est pleine de reconnaissance que je termine mon aventure de PDG pour un mois, confiante d’être mieux que jamais outillée pour me bâtir une carrière dont je serai fière.
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Frances Doria dirige actuellement sa propre entreprise de service-conseil. Elle a acquis une vaste expérience en développement des affaires en conseillant des hauts dirigeants en Europe, en Asie et dans les Amériques. Elle possède un baccalauréat en développement économique de l’Université McGill et une maîtrise de la Hult International Business School à Londres.